Tribune : « Face aux crises, l’Europe doit assurer la pérennité et construire notre souveraineté alimentaire »

La « généralisation des dérèglements mondiaux est un symptôme de la crise systémique du modèle néolibéral », préviennent les socialistes Eric Andrieu et Christophe Clergeau, dans une tribune au « Monde ». Ils appellent à des réformes profondes « pour plus de régulation et de souveraineté », en particulier dans le domaine alimentaire.

L’Europe se mobilise et innove pour affronter les crises. Elle le fait d’ailleurs plutôt bien en mettant en application le nouveau mantra bruxellois : l’autonomie stratégique. Néanmoins, elle peine à mettre en avant les logiques de résilience et de prévention, car, face aux crises, perfectionner les outils de gestion de crise ne suffit pas.

La généralisation des dérèglements mondiaux est un symptôme de la crise systémique du modèle néolibéral, qui appelle des réformes profondes pour plus de régulation, de solidarité, de souveraineté. C’est notamment vrai pour notre alimentation et l’organisation de la production et des marchés agricoles.
L’idée dominante de la Commission européenne est qu’il suffit de favoriser le développement de la production et la fluidité du commerce alimentaire international pour permettre de répondre aux besoins des populations, à l’échelle mondiale comme au sein de l’Union.

Pour la relocalisation des productions alimentaires
La Commission continue ainsi à minorer la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement alimentaires soumises aux aléas climatiques comme aux instabilités géopolitiques et aux crises de surproduction. Une chaîne rompt toujours par son maillon le plus faible ; les prix agricoles trop bas de la décennie passée ont fragilisé nos agriculteurs et émoussé notre potentiel productif.

Tout système de spécialisation agricole qui conforte l’éloignement entre production et consommation renforce les vulnérabilités et affecte la sécurité alimentaire. La connexion avec des marchés internationaux ultra-volatils, à la hausse comme à la baisse, se traduit nécessairement par des chocs de prix dont sont d’abord victimes, en Europe, les populations les plus fragiles et, à l’échelle mondiale, les pays les plus pauvres et les plus dépendants.

Nous plaidons pour une autre approche. Les politiques publiques doivent favoriser la relocalisation des productions alimentaires à travers un prix adapté du carbone, la réduction des impacts environnementaux des modes de production, le renforcement des aides publiques centrées sur l’emploi agricole et les services rendus à l’environnement ainsi qu’une plus grande implication des collectivités territoriales dans la planification de l’approvisionnement alimentaire

Retrouver notre tribune dans sa totalité en cliquant ici.

Eric Andrieu(député européen, Parti socialiste) et Christophe Clergeau(membre du Comité des régions, Parti socialiste)

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