L’agriculture doit sortir du piège dans lequel l’enferme la droite européenne

La droite européenne mène l’agriculture au tombeau

Le Parti Populaire Européen vient de rassembler plusieurs centaines d’agriculteurs au Parlement européen pour présenter sa vision pour l’agriculture en Europe. A l’aune des propositions qui en ont émergé, les agriculteurs ne seront pas rassurés : le premier groupe au Parlement semble être sans diagnostic ni médecine pour soigner une agriculture européenne usée par 30 ans de réformes libérales de la Politiques Agricole Commune.

Face à la montée de l’extrême droite dans les intentions de vote des agriculteurs, le PPE voit une partie de son électorat prendre ses distances. Plutôt que de mettre en avant des solutions pour accompagner la transition agro-écologique, le parti historique de la droite s’aligne sur l’extrême-droite et s’érige depuis deux ans en premier opposant au Green Deal européen et à sa déclinaison agricole, la stratégie de la Ferme à la Fourchette.

Le PPE s’oppose à la Loi sur la restauration de la nature, le PPE s’oppose à la réduction de l’usage des pesticides, le PPE promeut les nouveaux OGM,… Il enferme ainsi le monde agricole dans une orientation qui tourne le dos aux impératifs écologiques, s’éloigne des attentes des citoyens, témoigne d’une fuite en avant où la technologie est censée offrir des solutions à tout et permettre d’éviter à l’agriculture de changer de modèle.

Non le PPE n’est pas le parti des agriculteurs, il est leur tombeau. Il les prend en otage pour des raisons politiciennes et les emmène dans une impasse.

Energies renouvelables, éco mobilités, efficacité énergétique de l’habitat, le Green Deal a ouvert de nombreux chemins de progrès qui combinent réponse à la crise écologiques et perspective d’avenir pour les filières, les entreprises et les salariés. L’agriculture est dans une situation de blocage délétère. La montée des radicalités, de part et d’autre, bloque tout débat et tout changement de modèle. Un immobilisme revendiqué gagne du terrain : il faut « laisser tranquille » les agriculteurs qui « savent ce qu’il faut faire » et doivent « nourrir la planète ». Ces idées sont d’un autre temps. Il est urgent de proposer pour l’agriculture un chemin de transition qui ouvre des perspectives d’avenir pour les paysans et les replace au cœur d’un projet collectif partagé avec le reste de la société.

Là où la droite mène l’agriculture au tombeau, les socialistes veulent lui offrir un avenir. Nous sommes les vrais amis de l’agriculture familiale et paysanne, les promoteurs de système alimentaires durables qui unissent l’agriculture et le reste de la société.

Pour un agri green deal  

Le Green Deal européen est une chance pour l’agriculture européenne, car il lui redonne enfin une ambition dans l’agenda européen alors qu’on l’avait relégué comme un secteur subalterne, juste bon à offrir des concessions tarifaires dans les accords de libre-échange. Mais, là où l’on peut se rejoindre, c’est que si les objectifs sont ambitieux, les moyens tant budgétaires que de régulation de marché et de réciprocité commerciale ne sont pas au rendez-vous. C’est ce que nous avons dénoncé en refusant de voter la PAC actuelle qui n’était pas « Green Deal compatible ». C’est pourquoi, il est important d’ouvrir le débat d’un Agri Green Deal pour avoir un budget à la hauteur et une PAC débarrassée des outils qui la rendent inefficace à accompagner les agriculteurs dans la transition agroécologique.

Au fil des réformes, la PAC a été réduite à une tirelire que l’on déverse indépendamment des circonstances et sa dimension alimentaire a été vidée de sa substance. Il est curieux de ne rien entendre dans le narratif du PPE sur l’inflation alimentaire qui touche durement l’ensemble des Européens alors que la volatilité des marchés agricoles est également un problème pour les agriculteurs. Nous devons au contraire, ajouter un second A à une Politique Agricole et Alimentaire Commune pour donner à l’Europe sa souveraineté alimentaire et protéger les agriculteurs comme les consommateurs contre la spéculation. Cela passe par une remise en cause des dogmes de « l’orientation par le marché » de la PAC. La PAC n’a pas besoin d’être réformée mais refondée et son budget considérable doit être mis au service d’un nouveau projet agricole fondé sur la régulation des prix, le juste revenu des agriculteurs, une alimentation de qualité accessible à toutes et tous et une agriculture utile à la transition écologique.

Ce nouveau chemin ne saurait être imposé par qui que ce soit à qui que ce soit. Il doit être construit dans le cadre d’un débat ouvert à toutes et tous, pluraliste, respectueux fondé sur la recherche des compromis. C’est pourquoi j’appelle sans délais au lancement d’une conférence citoyenne pour l’avenir de l’agriculture et de l’alimentation.

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