Communiqué de presse
Bruxelles, le mercredi 20 septembre 2023
La Commission européenne a diffusé ce matin le projet de réautorisation du glyphosate qui sera soumis au vote des Etats membres le 23 octobre prochain. « On ne peut condamner l’Europe a 10 ans de glyphosate alors que subsistent tant de dangers et d’incertitudes » estime Christophe Clergeau, député européen socialiste en charge des dossiers agricoles et environnementaux.
Dans ce dossier les institutions européennes sont coupables d’une double défaillance.
Une défaillance dans l’évaluation des risques puisque l’EFSA – l’autorité sanitaire européenne – n’a pu aller au bout de cette évaluation et reconnait, pour de nombreux enjeux importants, un manque de méthodologies adaptées et des lacunes dans les données scientifiques. Le directeur général de l’EFSA a d’ailleurs dû reconnaître devant la Commission AGRICULTURE du Parlement européen que l’effort de l’UE pour évaluer les pesticides était insuffisant.
Une défaillance dans la gestion du risque puisque la Commission refile la patate chaude aux Etats membres qui devront tenir compte de tous les problèmes soulevés par l’EFSA dans la conduite de leur procédure d’autorisation des produits contenant le glyphosate comme le RoundUp. Mais comment les Etats pourraient-ils aller plus loin que l’EFSA ?
« Comment peut-on encore croire que les autorités européennes défendent la santé humaine et appliquent le principe de précaution ? Comme il y a 6 ans lors de la précédente réautorisation, on se cache derrière l’absence de données ou de protocoles, il y a là une forme d’abdication des autorités européennes qui renvoient aux Etats membres la responsabilité d’adopter les mesures nécessaires pour limiter les risques qu’induiraient une réautorisation, c’est irréaliste et irresponsable ! » clame Christophe Clergeau.
Ainsi, sans préconisations opérationnelles, la Commission demande aux Etats membres de concevoir des mesures de limitation de risques pour limiter l’exposition des humains via l’alimentation, pour protéger les nappes phréatiques, pour réduire les hauts risques sur la santé des petits mammifères herbivores, pour protéger les plantes aquatiques, pour limiter les impacts négatifs sur la biodiversité et pour inciter à l’usage de techniques de gestion des mauvaises herbes sans pesticides.
Pour Christophe Clergeau « Rien dans les éléments communiqués par les autorités européennes ne permet de justifier une réautorisation pour 10 ans – ni même pour 5 ans, si c’est le compromis d’ores et déjà envisagé avec la France. La Commission doit décupler son soutien à la recherche indépendante pour accélérer la disponibilité des informations scientifiques et compléter l’évaluation du glyphosate »
« Nous avons un mois pour changer cette position. Un débat public doit s’ouvrir en France et la Président de la République et son gouvernement doivent rendre publiques les positions françaises » conclut Christophe Clergeau.