ArcelorMittal trahit ses promesses et ses salariés : les députés français du Groupe Socialistes et Démocrates appellent à sauver l’outil industriel européen

L’annonce par ArcelorMittal de la suppression de 640 postes sur ses sites français, à Dunkerque, Desvres, Mardyck, Montataire, Mouzon et Basse-Indre, et ailleurs en Europe, jette des centaines de familles dans l’incertitude. Cette décision intervient alors que l’Europe a besoin de moderniser et de verdir sa production d’acier, pour protéger l’environnement tout en produisant ce matériel essentiel à des biens aussi stratégiques que les éoliennes, la construction navale ou l’industrie de défense. Sur le terrain, les salariés, les syndicats et les élus locaux défendent l’avenir industriel de ces territoires, déjà durement éprouvés par les précédentes restructurations. La délégation française du groupe S&D au Parlement européen exprime sa solidarité totale avec les travailleuses et travailleurs concernés, leurs familles et les syndicats mobilisés. Nous sommes à leurs côtés sur tous les territoires. 

Nous refusons le discours qui voudrait faire de la décarbonation et des normes environnementales les boucs émissaires de ces suppressions d’emplois. L’Union européenne a mis sur la table des moyens sans précédent pour accompagner la transition de l’industrie sidérurgique : fonds pour la recherche et l’innovation, mesures antidumping sur les importations d’acier en provenance de certains États tiers, mécanisme d’ajustement carbone aux frontières pour éviter le dumping climatique, aides directes des États membres, comme les 850 millions d’euros promis par la France pour le projet de décarbonation du site de Dunkerque, mis sur pause par l’entreprise depuis. Ceux qui tiennent le Pacte Vert responsable de ces licenciements, dont l’extrême-droite qui s’en sert comme d’un bouc-émissaire, mentent. La preuve par l’exemple : alors qu’ArcellorMittal désinvestit, à Fos-sur-Mer près de Marseille, le sidérurgiste italien Marcegaglia investit 750 millions d’euros pour développer la production d’acier vert. 

Nous ne pouvons pas nous contenter d’accompagner dignement le corbillard de la sidérurgie européenne : du maintien de ces emplois dépend notre souveraineté industrielle globale, que l’on parle d’automobiles, d’énergies renouvelables ou encore de défense. Force est de constater que laisser des entreprises stratégiques passer sous pavillon étranger, comme encore Vencorex récemment, c’est accepter le démantèlement à petit feu de notre outil productif. Nous exhortons ArcelorMittal à poursuivre et à tenir ses engagements en matière d’investissements notamment pour la décarbonation de son industrie et pour la formation concomitante de ses travailleurs, A défaut, une intervention publique puissante et urgente est nécessaire, comme les travaillistes l’ont fait au Royaume-Uni pour sauver le dernier haut-fourneau en activité outre-Manche.

Nous appelons à la transparence complète sur les intentions du groupe, notamment sur les projets de délocalisation vers l’Inde ou le Brésil, qui porteraient encore atteinte au savoir-faire industriel européen. Comme nous l’avons porté dans la campagne pour les élections européennes, il est grand temps d’imposer des clauses de non-délocalisation et d’exiger des contreparties aux aides publiques. Alors que la Commission européenne veut faciliter l’accès des grandes entreprises aux fonds européens de cohésion, nous serons attentifs à ce que le budget européen contribue à la compétitivité industrielle, à la transition écologique, et au développement de l’emploi en Europe,

L’avenir de l’industrie sidérurgique européenne se joue aujourd’hui. Le plan d’action proposé en mars dernier par la Commission européenne est, bien qu’insuffisant, une base de départ. Nous demandons au gouvernement français d’utiliser les clauses de la nouvelle réglementation européenne sur le marché de l’électricité afin de garantir à nos industriels des prix raisonnables de l’électricité, composant essentiel à la production d’acier vert. Nous demandons au gouvernement, avec la Commission européenne, d’agir face au problème structurel de surproduction mondiale d’acier. Un quart de l’acier produit dans le monde ne trouve pas preneur, et ce surplus inonde nos marchés. Si les mesures de protection actuelles – déjà insuffisantes – ne sont pas remplacées à leur expiration en juin 2026, la production européenne sera balayée. Il est donc urgent de préparer un nouvel instrument commercial pour défendre notre industrie. Enfin, le temps est venu de garantir une préférence européenne et écologique dans nos marchés publics, afin d’assurer des débouchés à la production européenne d’acier vert. Face à l’effacement de l’Europe sur le plan industriel, pointé dans le rapport Draghi, nous adresserons un courrier au Premier ministre François Bayrou et au Commissaire européen à l’Industrie, Stéphane Séjourné en ce sens.

C’est par la révolution écologique que nous sauverons notre industrie sidérurgique européenne, dont la survie et la modernisation est vitale pour garantir la souveraineté de nos démocraties et de notre modèle social.

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