Ma position sur la PAC post-2027 et l’avenir de l’agriculture et de l’alimentation

L’agriculture n’est pas seulement le secteur le plus important et stratégique d’une société, elle est aussi le berceau de la civilisation ainsi que la garante de la sécurité alimentaire et de la stabilité politique. La capacité à produire des denrées alimentaires suffisantes, de qualité et accessibles constitue également un élément central de l’autonomie stratégique et de la résilience de l’Union européenne. La politique agricole commune (PAC), créée en 1962 et inscrite à l’article 39 du TFUE, est l’une des pierres angulaires de l’intégration européenne. Elle demeure un outil essentiel pour soutenir la productivité agricole, garantir un niveau de vie équitable aux agriculteurs et stabiliser les marchés. Sa contribution à l’accès des citoyens de l’Union à une alimentation abordable et au renforcement de la cohésion rurale n’a jamais été aussi indispensable.

Aujourd’hui, l’agriculture européenne est confrontée à une série de crises successives et imbriquées : incertitudes géopolitiques et économiques croissantes, multiplication des événements climatiques extrêmes, crises climatique et de biodiversité, pressions inflationnistes, recul du nombre d’exploitations et d’agriculteurs. Les agriculteurs sont les premières victimes de ces crises multiples, devant en supporter le poids alors qu’ils en tirent rarement les bénéfices. Dans le même temps, ils jouent un rôle crucial dans la transition vers un modèle agricole plus juste, plus résilient et plus durable. Leurs revenus, tout comme ceux des travailleurs agricoles, restent inférieurs à la moyenne nationale. Les mobilisations paysannes de 2024 ont rappelé avec force qu’il n’y a ni sécurité alimentaire ni avenir durable sans agriculteurs.

Pour transformer ces défis en opportunités, la prochaine PAC devra offrir un soutien sur mesure, ciblé et simplifié, en passant d’une logique de contrôle à un véritable partenariat fondé sur la confiance, tout en rééquilibrant obligations et incitations. La simplification ne doit toutefois pas se traduire par une dérégulation. Le soutien aux agriculteurs actifs, en particulier aux jeunes, aux femmes et à ceux établis dans des zones reculées ou défavorisées, devra être prioritaire. Les aides au revenu doivent rester un pilier central de la politique, assorties de plafonnements et de dégressivité, et évoluer progressivement au-delà du modèle des paiements à l’hectare. Les dispositifs en faveur de la durabilité et du développement rural doivent bénéficier de financements et de marges de flexibilité accrus. Enfin, la conditionnalité sociale et le respect de conditions de travail équitables doivent être intégrés à l’ensemble des instruments de la PAC, afin de reconnaître la dignité de toutes celles et ceux qui contribuent au système alimentaire européen.

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